Les chiens de Belfast

Sam MILLAR

Points

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    17 avril 2022

    Séduit par le dernier livre de Sam Millar, Un tueur sur mesure, j'ai décidé de creuser la production littéraire de l'auteur irlandais. Et j'ai commencé avec le premier de la série Karl Kane. Et comme, pour ne rien vous cacher, j'ai beaucoup aimé, j'ai déjà les tomes suivants qui m'attendent.

    Du pur polar qui ne s'attarde pas autour de question sociétales, philosophiques ou historiques. Karl Kane est un privé divorcé-deux-enfants qui habite un appartement-bureau avec sa secrétaire Naomi qui est, évidemment, davantage que sa secrétaire et dans ce cas précis, bien davantage. Il est de mauvaise foi, un peu buveur, joueur de poker assez malchanceux, ex-beauf d'un flic avec tout un passif entre eux. Karl n'aime pas trop les flics, il les chambre aussi durement qu'il a la dent. C'est le roi de la répartie drôle, vacharde qui n'appelle pas de réponse sauf à se prendre une remarque encore plus vache en retour. Direct. Toujours prêt à défendre la veuve et l'orphelin -s'il y a de l'argent au bout, c'est mieux, ça aidera à payer les retards des divers fournisseurs-, à se lancer sans toujours réfléchir. Il ne relie pas toujours toutes les informations qu'il a à sa disposition et ça lui joue des tours. Mais je l'aime bien, c'est l'archétype du privé, celui qu'on aime bien retrouver dans des aventures parfois rocambolesques, parfois dangereuses, parfois les deux.

    Et puis, il y a la patte Sam Millar, tout en punchline, en phrases qui marquent, qui vont vite. Des dialogues incisifs, drôles, méchants... Enfin tout pour plaire. La première rencontre avec Karl Kane débute ainsi, très intime : "Mince comme un fil mais d'une taille respectable, Karl Kane fit jaillir une goutte de crème du tube et, pour un homme aussi grand, l'appliqua plutôt délicatement sur la partie douloureuse de son postérieur. Jurant à mi-voix, il grimaça quand le froid de la crème atteignit sa cible. Quelques secondes plus tard, son visage moite se détendit à mesure que la crème produisait ses effets." (p19)


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    12 décembre 2015

    Quel décor !

    Un détective privé, irlandais et allaité à la bière brune, face à ce qui semble être une vengeance préméditée et perpétrée par épisodes méticuleux... Un bouquin qui m'a rappelé les très célèbres romans de Jack Higgins, autant que son héros charismatique : Sean Dillon ! Un chef d'oeuvre qui nous change des habituels romans mièvres de ces dernières années. Sam Millar est un grand auteur, à mon goût.


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    19 janvier 2014

    Sous le béret de Robin Cook

    De 1982 à 1984, Robin Cook illumine de son talent la célèbre Série Noire avec trois sombres histoires. " Le Soleil qui s’éteint ", " On ne meurt que deux fois " (qui faillit obtenir le prix Médicis) et " Les Mois d’avril sont meurtriers ", écrits par cet étrange Anglais devenu adepte du béret basque et de la culture française après une vie mouvementée et agitée, ont vitaminé le polar de la fin du 20ème siècle. Pour une raison à la fois sociétale et stylistique : avec son stylo, Robin Cook fouillait au scalpel la noirceur et le machiavélisme de l’âme humaine, tout en étant d’une habileté diabolique pour construire et conduire ses histoires, retenir le suspense sur le fil du rasoir et faire semblant de résoudre des crimes inexpliqués et surtout inexplicables. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

    Avec l’arrivée du 21ème siècle, l’influence de Robin Cook se fait encore sentir dans la production de littérature policière actuelle vingt ans après sa mort prématurée. Un peu comme s’il était toujours une référence, une star du crime, le pape d’une école, celle du polar britannique sorti des tasses de thé pour soudainement explorer les poubelles. Témoins " Les Chiens de Belfast " de l’Irlandais Sam Millar, lequel, prisonnier politique en Irlande et de droit commun en Amérique, semble avoir mené une existence aussi animée et chaotique que celle de Robin Cook. Ce bourlingueur puise incontestablement son inspiration dans l’écriture de son confrère anglais. Le nouveau roman de Sam Millar le confirme. L’Irlande et ses problèmes insulaires et religieux certes sont sous-jacents dans le livre, mais ce sont surtout les tourments de l’âme humaine qui intéressent son auteur aujourd’hui quinquagénaire. Excellemment traduit par Patrick Raynal, qui devint patron de la Série Noire, quand Robin Cook la quitta pour les beaux yeux de la collection rivale Rivages noir, ce polar irlandais semble trop « beau » pour être « vrai ». On dirait presque une sorte de décalque d’un roman cookien des années quatre-vingt. Sam Millar y décortique l’histoire d’une vengeance, que, bon gré mal gré, son personnage principal, un détective privé nommé Karl Kane (pourquoi pense-t-on à Orson Welles ?), doit sinon résoudre, du moins comprendre et démêler, ce qui n’est pas évident dans un monde aussi cadenassé, violent et hostile que celui de l’Irlande et de ses chiens. Dans cette sombre histoire, plusieurs hommes sont attirés dans les bars de Belfast par une mystérieuse sirène et sont retrouvés sauvagement assassinés, mutilés, trois étant en plus des officiers de police. Quel est le lien entre ces morts affreuses, quel drame les a provoquées ? Pour dévoiler la vérité, Sam Millar utilise la technique du kaléidoscope. Cela commence par dérouter, mais fascine rapidement le lecteur et finit par devenir éclairant et même limpide, en tout cas efficace et prenant. Il y en avait sous le béret de Robin Cook, il y en a sous la casquette de Sam Millar. L’un et l’autre font partie d’une semblable famille. Peu recommandable, mais qu’on peut recommander. l

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