Un titre provocateur mais une histoire pleine de sensibilité
Hugo n’en revient pas. Ses parents le trahissent de la plus horrible des manières : ils adoptent. Non, non, pas un mignon petit chiot ou un adorable hamster. Une petite fille… Rendez-vous compte ! Dès qu’il apprend la nouvelle, le garçon se braque. Il n’a pas du tout envie de partager ses parents avec une étrangère. Et que vont penser ses copains à l’école ?! Mais on ne lui laisse pas le choix. Pendant que ses parents partent en Éthiopie pour y récupérer sa future petite sœur, Hugo cogite, s’agite et sans s’en rendre compte, se fait petit à petit à l’idée d’être un grand frère.
Au départ, je n’étais pas très emballée par le sujet mais la plume d’Éric Sanvoisin est si belle et son histoire si touchante que mes appréhensions ont fondu comme neige au soleil. Contre toute attente, j’ai passé un excellent moment. Adopter un enfant, ce n’est pas rien. C’est un projet de longue haleine porté et ardemment voulu par le ou les parents qui en font la démarche. Même si ça chamboule leur vie, ils accueillent ce gros changement avec joie. Ce qui n’est pas forcément le cas des autres enfants de la famille – s’il y en a.
C’est à ce délicat sujet que s’attaque l’auteur en mettant le lecteur dans la peau d’Hugo, ce fils unique qui va devenir grand frère et qui voit du jour au lendemain tout son équilibre familial changer. C’est un garçon intelligent qui – une fois la surprise et le choc de l’annonce passés – s’interroge et fait un gros travail sur lui-même. Il faut dire que, là où les autres ont généralement 9 mois pour se préparer, lui n’a que 15 jours !
En conclusion, une très belle histoire. L’auteur y explore avec beaucoup de crédibilité et d’humanité les conséquences émotionnelles qu’une adoption peut avoir sur les enfants naturels d’un couple qui décide de franchir le pas et d’adopter.
Divertissant
Un fou de l’amour sévit au collège. Sa méthode n’est pas banale. Lorsqu’il a un coup de foudre pour une demoiselle, il le fait savoir en lui faisant discrètement parvenir une enveloppe contenant un poème écrit sur-mesure qu’il signe du pseudonyme « Artie Show ». Le problème, c’est qu’il semble changer d’avis comme de chemise et les lettres anonymes se multiplient.
Une affaire en or pour l’équipe du Condor, le tout nouveau journal du collège. Les journalistes en herbe sautent sur l’occasion et commencent à enquêter, bien décidés à démasquer le serial lover. Les spéculations vont bon train, ils explorent toutes les pistes possibles… et ils ne sont pas au bout de leurs surprises !
Ce que j’aime avec Emmanuel Trédez, c’est qu’il livre toujours des histoires abouties pleines d’humour. Ce petit roman est drôle du début à la fin, sans aucune lourdeur. De plus, l’auteur a l’art de jouer avec les mots. En effet, c’est un vrai virtuose qui ne laisse rien au hasard.
En conclusion, "Qui veut le cœur d’Artie Show ?" n’est peut-être pas une enquête transcendante (on devine sans mal et assez vite l’identité du serial lover) mais cette lecture est drôle et rafraîchissante !
Une lecture qui donne des sueurs froides
Incapable d’entendre les avertissements lancés par la Nature, la race humaine a continué ses exactions, jusqu’à l’épuisement total des mers et des océans. Tous les animaux marins sont morts, massacrés par les humains ou victimes de l’évaporation de l’eau. La Terre n’est plus qu’une boule frappée par la sécheresse où les hommes tentent de survivre au manque d’eau, de nourriture… mais surtout aux marées fantômes remplies de spectres d’animaux marins revenus d’entre les morts pour se venger et déchiqueter quelques âmes humaines.
Le seul moyen d’y échapper, c’est d’être sous la protection d’un exorciste. En raison de leur pouvoir, ils sont très recherchés. Oural est l’un d’entre eux. Il protège son bastion, prenant très au sérieux son rôle. Choyé et traité comme un seigneur en raison de son Don, il n’a aucune idée de ce qui se passe dans le « vrai » monde… jusqu’à ce qu’un équipage de pirates le kidnappe et l’emmène de force dans leur périple.
Aux côtés de Bengale et de sa bande atypique, il va découvrir l’ampleur des dégâts et ouvrir les yeux. Bien protégé dans sa petite forteresse, il n’avait pas idée des horreurs perpétrées dans le monde. C’est à travers ses yeux qu’on découvre cet univers post-apocalyptique. Et autant vous dire que cela fait bien réfléchir car on n’a pas du tout envie que cela arrive ! Porté par une écriture vive et des mots percutants, ce roman est une vraie claque qui nous met face à nos responsabilités. Par ailleurs, certains passages sont extrêmement durs (et malheureusement véridiques) mais nécessaires à l’histoire. Seul bémol pour moi, une pseudo-romance qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe…
En conclusion, "Mers mortes" est un roman fort qui tire la sonnette d’alarme et tente de faire passer un message écologique. Prions pour qu’il soit entendu avant qu’il ne soit trop tard… car le monde d’Oural et Bengale ne fait pas rêver…
À lire sans tarder !
La menace de la guerre se faisant de plus en plus précise, les autorités britanniques encouragent fortement la population à mettre les plus jeunes citoyens à l’abri, loin des villes – cibles de choix pour les bombardiers. C’est ainsi que Sally et Ernie Turner, son petit frère, atterrissent chez les Reilly qui les accueillent à bras ouverts à la Pension du Bord de Mer. Entre un père engagé dans la Royal Navy – donc absent pendant de longs mois – et une mère qui se désintéresse totalement de sa progéniture, les deux enfants n’ont jamais connu la joie d’un foyer heureux et aimant. Livrés à eux-mêmes, Sally a toujours pris soin d’Ernie, atteint de polio depuis son plus jeune âge. S’ils sont déstabilisés par l’amour et la tendresse toute maternelle que leur manifeste Peggy, très vite ils s’y habituent et voient en elle la mère qu’ils n’ont jamais eue.
Outre un foyer chaleureux, Cliffhaven va offrir à la jeune fille l’opportunité de montrer ses talents de couturière. En effet, embauchée dans une usine de confection d’uniformes, elle ne va pas mettre longtemps à démontrer l’habileté de ses dix doigts et à se faire remarquer. Ce qui pourrait bien lui valoir admiration… et jalousie… Sa bonne étoile ne compte pas en rester là, puisqu’elle semble avoir tapé dans l’œil de John Hicks, un jeune homme aussi taquin que séduisant. La jeune fille n’ose pas croire à sa chance. Tant de bonheur d’un coup lui fait peur… et elle a bien raison de s’inquiéter, qui sait ce que l’avenir lui réserve !
Après avoir lu Où le cœur se pose, j’ai eu très envie de découvrir la série de La Pension du Bord de Mer dans l’ordre (même si chaque tome peut se lire indépendamment) et j’ai bien fait ! Aux côtés de Sally et Ernie – qu’on prend tout de suite en affection – on fait la connaissance de la famille Reilly. Même s’ils sont frappés par les privations de la guerre, ils ne perdent pas leur humanité. Ils pensent avant tout à la communauté et n’hésitent pas une seconde à venir en aide aux plus démunis, faisant fi des dangers. Les deux enfants ont beaucoup de chance d’être tombés dans cette famille et ils en sont bien conscients.
Et le ciel sera bleu, c’est un livre plein d’émotions. J’ai été happée dès les premières lignes par cette histoire où la joie côtoie les pires souffrances. Comme je l’ai déjà expliqué, Sally et Ernie n’ont pas eu un début de vie très heureux. Ils ont traversé beaucoup d’épreuves dès leur plus jeune âge, ce qui les rend d’emblée sympathiques au lecteur. Sachant ce qu’ils ont vécu avant leur arrivée à Cliffhaven, on ne peut qu’être heureux de les savoir enfin choyés comme ils le méritent.
En conclusion, un magnifique roman qui m’a pris aux tripes. On y assiste au début de la Seconde Guerre mondiale à travers le regard des enfants Turner, deux protagonistes extrêmement attachants. Encore une fois, Tamara McKinley nous livre un récit touchant et dans lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde tant il y a de rebondissements.
Une belle découverte
Sunshine a tout pour être heureuse. Vedette Youtube du monde culinaire, elle s’apprête à faire ses premiers pas à la télévision en tant que présentatrice de sa propre émission et son troisième livre de recettes est en préparation. Pour ne rien gâcher, elle vit dans un appartement de rêve et s’est mariée avec un bel apollon qui a tout de l’homme parfait. Mais tout s’effondre quand la vérité éclate : Sunshine ne sait pas cuisiner, elle trompe son mari et ment comme elle respire.
Partagée entre honte et humiliation, elle prend la fuite et retourne à contrecœur dans sa ville natale. Là-bas, elle doit faire face à l’animosité de sa sœur et aux vieux démons qu’elle avait fuis quatorze ans plus tôt. Elle souhaite rebondir au plus vite et ne compte pas moisir plus longtemps que nécessaire dans ce trou qu’elle déteste – et qui le lui rend bien. Elle met sans attendre sur pied un plan censé la propulser de nouveau sur le devant de la scène avec une réputation toute neuve.
Et, effectivement, elle met tout en œuvre pour quitter au plus vite le canapé que sa sœur la laisse squatter plus par obligation morale que par amour fraternel… Mais en cours de route, elle se rend compte de ce qui a vraiment de l’importance et de tout ce qu’elle a gâché avec ses mensonges. On ne peut pas dire qu’elle soit reconnaissante d’avoir été piratée, mais cela a au moins eu le mérite de provoquer chez elle une prise de conscience. Elle souhaite donc profiter de ce nouveau départ pour faire les choses comme il faut.
Tous les ingrédients sont réunis pour faire d’Hello, Sunshine un bon titre de chick-lit. La plume de Laura Dave est agréable, Sunshine a ses qualités mais surtout ses défauts – ce qui la rend attachante et humaine – et l’histoire est entraînante. C’est un plaisir de suivre les tribulations de Sunny et de la voir changer. Il n’y a qu’une seule chose – un choix qu’elle fait à la fin – qui me laisse perplexe. D’un côté, je la comprends car c’est ce qui semble le plus logique à faire… mais d’un autre côté, cette décision est trop terre-à-terre et laisse un petit goût amer en bouche.
En conclusion, Laura Dave nous offre un roman plaisant à lire. Même si le ton est léger, Hello, Sunshine pousse le lecteur à s’interroger sur l’impact des réseaux sociaux sur notre vie, notre bonheur et sur l’authenticité des moments que nous partageons.