Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Les presses littéraires

15,00
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22 mars 2013

Recueil de 7 nouvelles qui ont toutes en commun de parler de la folie des hommes.
- Le fou : un homme quitte tout, pour aller vivre anonymement dans une bergerie en montagne. La solitude finit par lui peser, il se met à boire. Cette nouvelle est une sorte de long delirium tremens totalement poétique et surréaliste, construite comme une chanson ou un poème avec un refrain : "Mais comment en suis-je arrivé là ! Baillonné, ligoté, enfermé, moi ... moi qui ne rêvais que de liberté !" (p.13) repris plusieurs fois avec quelques variantes, et des couplets, racontant sa vie d'avant et son délire actuel.
- Le passage : une histoire totalement loufoque et très drôle, burlesque, ubuesque, sur la manière de passer un grillage, un mur ou un nuage voire un autel. Sans aucun doute, ma nouvelle préférée que j'ai lue à haute voix dans la pièce faisant rire mon public pas forcément facile (ma femme et mes enfants ont l'habitude du haut de gamme ; ouais, je sais j'me la pète un peu !)
- Un homme heureux : un homme arrive seul dans un café et demande deux repas, un pour lui et un autre pour son amie, invisible au commun des mortels.
- Les visiteurs du soir : un bibliophile voit en même temps des écrivains en liliputiens l'interpeller de sa bibliothèque et son couple exploser.
- La chanson du squatteur : "Docteur ! Quelqu'un est entré dans ma tête. Il a dû profiter d'un moment d'absence... et hop ! Par la porte ou par la fenêtre, Docteur, j'ai quelqu'un dans ma tête." (p.83)
- Le souffleur d'histoires : un homme qui veut écrire n'a pas d'inspiration. Il va donc voir le souffleur d'histoires, sorte de nègre pour tous les romanciers, les scénaristes, ... Mais pendant une brève altercation, le souffleur meurt. L'homme prend sa place...
- Un homme à tout faire : dernière nouvelle du livre dans laquelle tous les personnages principaux croisés dans les histoires précédentes se retrouvent en consultation. Mais qui est fou ? Qui ne l'est pas ? Et Dieu lui-même ?
JM Bonnel fait montre de beaucoup de poésie, de tendresse pour les personnages décalés, les fous, les hors-normes. On sourit beaucoup, on rit franchement parfois (surtout sur Le passage), on prend plaisir toujours à suivre les évolutions, les questionnements et les interrogations fantasques de tous.
Le petit plus ? La dernière nouvelle dans laquelle tous se retrouvent, et un pied-de-nez final réjouissant et inattendu... quoique... Ce qui fait si vous comptez bien deux petits plus.
Pour vraiment finir, cette petite phrase qui clôt le livre, juste avant les remerciements :
"Si vous croisez un jour un fou, surtout ne lui donnez pas de mes nouvelles...
Dites-lui des les acheter !" (p.145)

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11 mars 2013

Martha est ce que l'on appelle couramment une mère-courage, mot composé largement galvaudé par des émissions télévisuelles et un certain sens du sensationnalisme dans les médias actuels. Elle élève seule ses deux grands enfants, enchaînant des heures de ménage au collège et dans d'autres endroits. C'est d'ailleurs le notaire qui lui a permis d'obtenir ce boulot juste après le décès de son mari. Elle parcourt les petites routes de cette petite ville sur son cyclomoteur sans arrêt, entre ses heures de travail, sa présence à la maison et surtout, depuis la sortie de Freddy, sa quasi-surveillance de sa fille, rassurée néanmoins que Maître Montussaint et Paul son fils, petit ami de Clémence prennent soin d'elle, la ramènent le soir.

C'est le portrait d'une femme angoissée, partagée entre l'amour pour sa fille, son besoin de la protéger et l'envie de ne pas l'étouffer. Une femme que l'administration pénitentiaire culpabilise, lui demandant de s'occuper de Freddy :

"Je ne vous demande pas de l'héberger sous votre toit, madame Rebernak, je dis qu'on peut faire autrement... ! Vous avez bien une petite remise au fond du jardin ? Il pourrait aller et venir, sans vous déranger. Elle a stoppé net. C'est une plaisanterie ? Puis elle lui a tourné le dos, elle s'est courbée pour atteindre l'arrivée d'essence, elle a enfourché son cyclo en pédalant et lancé le moteur. Jamais son cousin n'habiterait le garage au fond du jardin. D'ailleurs, elle se demandait comment une idée aussi stupide avait pu germer dans la tête d'un éducateur." (p.35)

Avec une écriture simple, directe dans laquelle les dialogues se fondent dans le récit (pas de guillemets ni de tirets pour les remarquer, mais aucun souci pour les repérer), Yves Ravey, en à peine plus de 100 pages, réussit à créer une tension qui monte crescendo. Presqu'un polar, pour le moins un roman noir ! Prévoir une ou deux heures de liberté pour commencer et finir ce livre d'un seul tenant. Il parvient également à décrire le quotidien de cette femme qui travaille dur, à l'opposer à celui plus flamboyant du notaire qui représente la réussite sociale, la respectabilité et l'aisance financière et souvent dans les petites villes, un des notables.

Une histoire linéaire, facile à suivre, extrêmement bien écrite qui met en scène des personnages pas si simples qu'on pourrait le penser a priori et qui a le grand mérite d'être captivante.

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21 février 2013

A découvrir

Recueil de très courts textes. Dix-sept en tout étalés sur quatre-vingt-six pages. Illustrés chacun par des pochoirs. Titre énigmatique s'il en est -au moins en sa toute première partie- qu'il faut vérifier deux ou trois fois après l'avoir écrit, pour savoir si l'on n'y a pas fait une petite faute. Un oubli de "s" ou de "a" est si vite arrivé...

Ces textes ont quasiment tous en commun d'avoir en titre un simple prénom ou un surnom ou un ensemble de noms propres, sauf un : Plume toi d'là qui n'est pas celui qui m'a le plus plu. J'ai aimé :

- Léocadie : "La course de Léocadie commença un soir sur les quais, c'était en 1900." (p.15) En quelques lignes (3 pages), Bérengère Cournut résume la vie tumultueuse d'une femme, ses aventures, ses amours.

- Mélanie... ou Henriette ? : "00h00, en chiffres rouges. Il fait une chaleur confortable. Ça me pique un peu le ventre, mais si je m'ajuste, la piqûre glisse, puis s'apaise." (p.19). Attention, nouvelle à chute... inattendue.

- Gaston le hanneton : la nuit mouvementée d'un hanneton dépressif.

- Schasslamitt : à ceux qui préfèrent les chiens aux chats et inversement.

- Hortense Gemperd : ""Vraiment d'une humeur de clochard aujourd'hui !" Et la petite dame au manteau noir crache sur les clous. Piaffements d'impatience sénile sur la bande podotactile du pavé surbaissé, c'est d'un oeil mauvais qu'elle guette l'apparition du bonhomme vert sous sa visière fêlée de plastique noir, façon ghetto urbain." (p.65)

- Miguel Perez : la vie mutique de Miguel et Dora.

- Pierre Meulière, l'enfant bourru (1896-?) : la précocité d'un enfant n'a pas que du bon. Et Bérengère Cournut boucle sa boucle.

Textes bien écrits avec parfois des formules intéressantes comme ce passage dans Hortense Gemperd parlant de "bande podotactile", des tournures de phrases plaisantes. L'auteure "écrit en état de veille paradoxale" (4ème de couverture). Une sorte d'écriture automatique où un mot en appelle un autre puis un autre donnant à la fin une histoire, entre surréalisme, onirisme, poésie. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on est en présence des nouvelles de l'année, mais indubitablement Bérengère Cournut a du talent. Son coéquipier dans cette aventure se nomme Donatien Mary et il signe les illustrations (dont la couverture), proches des textes, dans des tons gris-noir-parme, assez simples d'abord qui n'alourdissent pas le propos de l'auteure.

Un petit livre à glisser dans une poche et à lire tranquillement.

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8 février 2013

Pour les amateurs d'Albert Camus, voici un petit livre qui devrait plaire. Pour les autres, c'est un essai graphique extrêmement intéressant qui permet à la fois de mieux cerner la réflexion de cet homme, de connaître également mieux son oeuvre. J'avoue avoir lu pas mal Camus du temps de mes années de lycée et de mon bref passage en Fac (bref, non point pour le nombre d'années d'inscription, mais que voulez-vous les tentations étaient fortes pour un jeune homme très enclin à faire des découvertes. Je ne peux donc pas affirmer ici que je fus un étudiant assidu ni performant, l'un allant avec l'autre... Mais qu'écris-je là ? Ma grande fille vit sa première année à l'Université, je ne devrais pas lui montrer le mauvais exemple. Je me console en me disant que c'est une fille et que les filles travaillent plus et mieux que les garçons. A défaut d'appliquer une bonne éducation, je me console comme je peux, histoire d'évacuer mes scrupules.) Pouf, pouf, je reprends le fil du sujet de mon article, après ma longue parenthèse très personnelle, je disais qu'après avoir lu pas mal Camus, il y a quelques années, je l'ai laissé un peu tomber. A tort sûrement.

Cet homme né en Algérie, pauvre a eu du mal à imposer sa pensée qui balançait "entre les deux pôles de son existence : "Je fus placé à mi-distance de la misère et du soleil. La misère m'empêcha de croire que tout est bien sous le soleil et dans l'histoire ; le soleil m'apprit que l'histoire n'est pas tout." (p.18). Par des prises de position sur la peine de mort, sur l'Algérie, sur la révolution il s'attirera des haines mais aussi des soutiens. Il obtiendra le Prix Nobel de Littérature en 1957.
Cette année étant le centenaire de la naissance de l'écrivain-philosophe (né le 7 novembre 1913) il y a fort à parier que des livres vont être re-publiés, des études diverses et variées vont paraître. Quitte à commencer cette année Camus par un livre expliquant son oeuvre, pourquoi pas par celui-ci des éditions Max Milo, subtilement illustré par Aseyn, dans des tons noirs, blancs et gris ?

guide de 200 toilettes accessibles au public

Attila

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8 février 2013

Anecdotique ce livre ? Sans doute. Indispensable ? Sûrement. Voyager dans une (grande) ville nécessite soit une vessie aux capacités de stockage importantes soit un porte-monnaie empli de pièces et piécettes, surtout si l'on visite en famille ! Les bons Parisiens me rétorqueront, que comme je le dis plus haut, les sanisettes sont désormais gratuites en leur cité. Certes, mais j'ai ma pudeur et faire la queue au coin d'un carrefour fréquenté, sur le trottoir dévoilant ainsi à tous mon envie pressante de me soulager ne me sied pas vraiment. Cécile Briand propose de pouvoir satisfaire mes besoins les plus élémentaires discrètement -même les sanisettes qu'elle cite "sont celles qui apparaissent dans des endroits discrets et/ou qui comblent un vide dans une zone géographique".


Une fois bien compris l'intérêt principal de ce livre, on pourra y voir en toile de fond, une manière de visiter Paris très différente des circuits touristiques habituels. Car, à chaque fois que Cécile Briand décrit un lavatory, des toilettes, elle en profite pour signaler tel ou tel point de vue, tel ou tel lieu d'exposition loin des lieux classiques objets de nos visites. Classés par arrondissement, on peut ainsi flaner dans chacun d'entre eux libre, léger sachant que les pauses-pipi ne sont plus un souci.
Mille mercis Cécile Briand, je glisserai ce livre dans l'une de mes poches -ça tombe bien, il est du bon format-, le guide de Paris dans l'autre, et lors de ma prochaine "montée" à Paris, hop, je serai paré.
Vous ai-je précisé qu'en plus ce livre est drôle et que l'auteure évite les blagues scabreuses faciles ? Allez, devant votre impatience, voici un extrait, concernant les toilettes du BHV (Bazar de l'Hôtel de Ville) :
"Les toilettes sont situées au 5ème étage. On y monte par l'ascenseur ou les escalators (le temps sera approximativement le même, on choisira en fonction de la position corps/vessie la moins dangereuse : le corps en mouvement ou immobile). Sur place, il y a souvent de l'attente. Les toilettes n'ont rien d'exceptionnel mais sont bien entretenues. (D'ailleurs, la dame qui est généralement assise là a l'air fier de son travail -qu'elle espère, discrètement, voir récompensé.)"
Mille autres mercis à mes enfants qui ont associé ce livre à un autre pour mon anniversaire, celui-ci leur ayant tapé dans l'oeil, c'est vous dire si je me pose des questions sur mon éducation.