Le Codex d'Alep
L'étrange destin d'un manuscrit sacré
De Matti Friedman
Traduit par Guillaume Marlière
Albin Michel
les méandres de l'Histoire
Composé à Jérusalem au 10ème siècle, le codex d’Alep est la plus ancienne version de la bible hébraïque. Matti Friedman grand reporter, vit désormais à Jérusalem et a mené son enquête sur le codex d’Alep. Il s’agit d’un long travail de recherches et de documentation. Matti Friedman, aidé par de nombreux spécialistes du sujet, a épluché dossiers, souvenirs, réflexions pour nous conduire dans les méandres de cette aventure compliquée.
Nous allons suivre ce précieux manuscrit dans un texte parfaitement travaillé, tout au long d’une Histoire mouvementée qui nous incite à nous poser de nombreuses questions sur la notion de patrimoine. « La destruction d’une relique sacrée soulevant ainsi la question de savoir à qui appartiennent les trésors historiques d’un peuple ».
Ce texte est intéressant pour celui qui se passionne pour le sujet. Pour les autres, il risque d’être un peu touffu et pas forcément facile d’accès.
Un essai qui nous donne les clés de l'oubli
Le psychiatre et psychanalyste Simon-Daniel Kipman interroge la signification de nos oublis : que nous montrent-ils et que nous cachent-ils ? Que trouvons-nous à force de chercher des mots insaisissables, des instants dont le souvenir s'est évanoui ?
A partir d’exemples clairs et précis, Simon-Daniel Kipman, psychiatre, psychanalyste, président-fondateur de la Fédération française de psychiatrie tente d’apprivoiser l’oubli et de nous donner les clés permettant de comprendre à quoi il sert.
Ce livre est passionnant. Il est un éloge de l'oubli dans sa fonction vitale, de la petite enfance au deuil. Mécanisme psychique qui nous empêche d'encombrer notre mémoire et libère la pensée, favorisant notamment l'innovation et stimulant la curiosité. Simon-Daniel Kipman nous parle également du secret et de son importance dans le récit des familles. « Du secret à l’oubli, il n’y a qu’un pas. »
Cet essai, facile à lire malgré les références techniques, s’adresse aussi bien aux professionnels qu’aux simples mortels qui souhaitent comprendre un peu mieux les mystères de l’inconscient. L’oubli n’est pas défaillance, il est parole.
Politique fiction en Qarabie
John Summerbee s’installe en Qarabie après une rupture amoureuse et y enseigne l'Art. Nous sommes en 2022 à la veille de la Coupe du monde de hole-ball. Voilà une description sans concession d’une monarchie pétrolière, un univers kafkaïen relativement oppressant dans lequel notre héros va vivre quelques épiques aventures ou comment un cafard peut devenir un ami et une belle qarabienne nommée Qatarina susciter tous les fantasmes.
Il s’agit bien de politique fiction, mais on y apprend beaucoup de choses sur les mœurs, les femmes, l’Islam, les coutumes, les interdits, les tabous. Le livre est riche de personnages confrontés à leurs différences culturelles, mais également de scènes cocasses (un suicide manqué tout à fait remarquable) et est teinté d’un certain humour qui rend la lecture bien plaisante.
Un livre agréable à lire, bien construit, qui se lit d'une traite et qui pose de vraies questions sur l'Emirat et ses ambitions, mais également le rôle de la femme pour son devenir.
Famille, je te hais !
Maggie O'Farrell explore avec justesse l'âme humaine. Elle décrit merveilleusement bien ses personnages, une ambiance, un décor, les gestes, les mots, les pensées intimes. C'est une écriture puissante et douce, qui coule lentement et nous éclaire d'une belle sensibilité. Déjà en 2011 "Cette main qui a pris la mienne" m'avait apporté la sérénité que quelques rares ouvrages peuvent offrir. Le plaisir des mots et des images, les non dits, l'image de la femme et son l'émancipation tant attendue, la complexité des relations dans la fratrie et en toile de fond, la belle Irlande, magique et toujours mystérieuse. Cette fois, nous sommes à Londres en 1976 durant quatre jours de canicule. Une famille décomposée par les épreuves va se retrouver et tenter une ultime réconciliation. Un très beau texte.
un texte émouvant
C'est à la fois tendre et nostalgique, Lola Lafon raconte le parcours de Nadia Comaneci, petite roumaine arrachée à sa famille à l'âge de 7 ans et destinée à devenir la reine des Jeux de Montreal en 1976, première gymnaste à décrocher le 10 parfait et dont l'image a fait le tour du monde. Lola Lafon décrit les séances d'entrainement qui commencent dès l'aube, le corps affamé pour retarder la croissance, le corps meurtri sur la poutre, meurtri par le regard des autres et l'ambition. Lola Lafon raconte le corps des femmes et le travail de chaque instant pour gagner en s'appuyant sur une volonté sans limite et un tempérament d'acier. Car Nadia veut devenir la meilleure gymnaste de l'histoire et elle fera tout pour y parvenir. Le tableau est somme toute cruel. D'autant que l'on croise le couple Ceausescu et la Roumanie des années 80 qui n'a rien d'idyllique, notamment pour les femmes.