Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Jason

Carabas

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27 janvier 2013

Recueil de petites histoires décalées, très décalées, absurdes, sans queues ni têtes mettant en scène des personnages au physiques d'animaux se retrouvant dans des situations parfois étonnantes, parfois quotidiennes. Entre l'écrivain mal élevé qui se juge au-dessus de la mêlée, Athos le mousquetaire débarqué dans une Amérique contemporaine, un gangster qui s'évade, ...

Dessin très dépouillé, texte simple voire simplissime quand il n'est pas absent, c'est de la bande dessinée très particulière qui peut autant plaire que fatiguer ou laisser totalement indifférent. A vous de vous faire votre propre opinion. Moi, j'aime bien ! En plus, le bouquin est beau, format 16.5x22, dos toilé gris, belle mise en page : du beau travail.

Je ne crierai pas ici que j'ai tout compris dans ces histoires, mais à chaque fois, j'ai aimé trouver les personnages de Jason dans ces situations absurdes. Assez ressemblant à Low Moon brièvement chroniqué sur ce blog. Je ne connais pas assez l'oeuvre de Jason pour savoir si ses autres albums diffèrent, mais je compte bien remédier à cette lacune.

Conseillé par
23 janvier 2013

'ai eu un tout petit peu de mal à entrer dans le livre parce que déboulent des noms et des situations directement liés au tome précédent des enquêtes du commandant JP Gontier. Même le statut du narrateur, JP Gontier n'est pas clair, on ne sait à quel titre il intervient ! Mais finalement, tout rentre très vite dans l'ordre et c'est avec un plaisir grandissant que j'ai lu les 420 pages de ce polar très réussi. Si tous les indices du départ ne sont pas dévoilés (tant mieux, ça me permettra de lire les aventures antérieures de JP Gontier sans que le suspense ne soit défloré), le principal, ce qui permet la bonne compréhension de cet épisode se dévoile petit à petit.


Amateurs d'enquêtes classiques, minutieuses, précises dans lesquelles le moindre détail a de la valeur, vous serez comblés. Dans la première partie, celle qui consiste à rechercher une personne disparue, JP Gontier suit toutes les pistes, va d'informateur en informateur, de rixes en discussions, de dialogues de sourds en menaces. Dans la seconde partie, celle qui concerne l'intelligence économique, le vrai métier du héros, on apprend plein de trucs sur les méthodes des entreprises pour discréditer un concurrent, pour le disqualifier et prendre de l'avance sur lui. Là encore, l'enquêteur doit faire preuve de discrétion, d'initiatives, de flair et d'obstination. La technique est la même que pour une recherche de personne : essayer toutes les pistes, même la plus insignifiante au départ.
D'habitude, dans un polar, on suit deux histoires en parallèle qui se rejoignent à la fin du livre, deux visions d'une même histoire souvent. Là, plus original, c'est la même personne qui mène deux enquêtes totalement opposées qui doivent normalement avoir des points communs ; franchement, ces points communs sont loin d'être évidents lorsque débute la seconde partie.
"Dans sa conversation, sa femme lui conseillait d'abandonner l'enquête basque. Elle lui disait que, s'il avait le sentiment de perdre son temps il valait mieux qu'il abandonne. [...] L'enquête sur les nouvelles technologies serait arrivée à point nommé pour lui donner le prétexte de laisser tomber Haritz.
- Et de quelles technologies s'occupe ce cher détective ?
- Un fil... [...] un croisement, une greffe entre une araignée et un plant de coton.
- Effectivement, c'est loin des préoccupations de Nathalie Ossaty, un croisement entre une araignée et un plant de coton." (p.280/281)
Polar très bien mené, maîtrisé. Ça ne va pas à cent à l'heure, mais la tension est palpable dès le début et augmente au fur et à mesure des pages qu'on ne lâche plus. Même le passage d'un pays à l'autre, d'une enquête à l'autre ne la fait point retomber. Une ballade entre le Pays Basque et les États-Unis, plus particulièrement la Californie et le Nevada, le lac Tahoe (déjà présent dans un autre excellent polar Tahoe l'enlèvement de Todd Borg)

Gérard Bertuzzi

Ravet-Anceau

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23 janvier 2013

Toujours aussi sympa cette collection Polars en Nord des éditions Ravet-Anceau. Nous voici là au coeur de la gendarmerie de Compiègne qui planche sur les disparitions. Le commandant Bourbon est excellemment secondé par le chef Keller. A eux deux, malgré l'intuition et le travail de fourmi, l'enquête piétine. "[...] l'intuition, c'est elle qui fait s'accrocher les hommes comme des morpions à leurs recherches, dans quelque domaine que ce soit. [...] C'est elle aussi qui fait plancher le chef Keller comme un malade, lire, relire encore et encore les dépositions, les constatations, les rapports du légiste, examiner les photos à s'en faire péter la rétine.. Il a un bel os à ronger, le gendarme.

Il la sent la solution. Il la sait là, la clef de l'énigme, sous ses yeux, entre ses mains, dans ces deux dossiers qu'il croise méthodiquement et qui finissent par s'entremêler, par lui mettre la cervelle en compote. Il en rêve la nuit, pendant les repas, le week-end, sous la douche, aux toilettes... C'est devenu une obsession." (p.120)
Puis, un événement, la découverte du corps enterré viendra réveiller l'intuition de Bourbon et le travail de fourmi reprendra avec un peu plus de succès.
Pas mal du tout ce petit polar. Écriture simple, alerte pas dénuée d'humour et de légèreté. Si je fais la fine bouche, mon bégueule, je pourrais dire que je ne goûte que moyennement le flot de calembours et de blagues pas toujours très fins, un rien potaches et basiques, mais c'est un écueil largement franchissable. D'autant plus que Gérard Bertuzzi sait mener son intrigue. Au moment où on la croit finie, eh bien, il en rajoute une petite couche pour nous tenir jusqu'au bout de ses 220 pages. Ce n'est pas un thriller, loin de là, le rythme n'est pas effréné, mais un bon petit polar qui ne vous polluera pas l'esprit mais ne vous décevra pas.

9,70
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23 janvier 2013

Pas mal du tout ce premier volume des aventures de Carl et Assad. On assiste à la naissance du Département V, à leur première collaboration. Le lecteur suit en parallèle, les tergiversations de Carl pas très emballé pour se coltiner de vieux dossiers avec un homme de ménage réfugié politique au passé inconnu (songez, qu'il porte le même nom que l'ancien dirigeant autoritaire de la Syrie, le père de l'actuel qui ne fait pas mieux voire pire que son papa !) et les souffrances de Merete enfermée dans un caisson pendant cinq longues années. Si l'on peut deviner rapidement les raisons de son rapt, puis celles de sa séquestration et les auteurs, l'intérêt du livre consiste au raisonnement des enquêteurs pour parvenir aux bonnes conclusions et à la relation qui s'instaure entre Carl et Assad.


Carl est un vieux flic à l'ancienne, désabusé, démotivé depuis cette fusillade, qui vit dans une modeste maison en banlieue avec son beau-fils et un locataire éternel étudiant qui le materne. Son ex-femme l'a quitté pour aller vivre ses passions amoureuses dans... l'abri de jardin !
Assad est recruté comme homme de ménage, préposé au café ; il s'avère précieux, doté d'un sens de la réflexion affiné et sensé et malgré quelques initiatives maladroites, très utile :
"Assad avait sûrement extrapolé un peu en remplissant sa mission, mais à quoi fallait-il s'attendre de la part d'un assistant, docteur ès gants de caoutchouc et seau en plastique ? Il faut bien ramper avant d'apprendre à marcher." (p.93)
Cette enquête qui commence en dilettante petit à petit se professionnalise, car Carl reprend goût à son travail, Assad n'y étant pas étranger. Un duo très improbable qui fonctionne. Assad ajoute le côté décalé, humoristique qui fait que l'on ne s'ennuie pas du tout au long de ces 526 pages (version poche). A tel point, pour ne rien vous cacher, bande de petits veinards, que Délivrance, le troisième opus de cette série qui vient de sortir, m'attend gentiment et que je viens d'acquérir la deuxième aventure du Département V, Profanation, dont je parlerai bientôt.

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16 janvier 2013

Coup de coeur pour cette BD

Forcément avec un tel titre, je ne pouvais que sauter sur cette BD, moi qui comme je le disais en fin d'année dernière aime beaucoup ce chanteur (clic). Et bien m'en a pris (je tiens ici à remercier Le Merydien qui m'a mis la puce à l'oreille dans l'un de ses commentaires sur l'article concerné par le "clic" précédent).

Voilà donc le chanteur menacé de mort qui devient parano se demandant bien pourquoi on lui en veut. Le soutien de son ami Philippe Katerine n'est pas vraiment là pour le rassurer :

"- C'est bizarre qu'on s'acharne précisément sur toi.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Ben, d'habitude, les dingues, ils s'attaquent aux stars, pas aux chanteurs plus... enfin, moins... C'est juste que t'es pas super connu, tu vois ?

- Ben, si, quand même un peu." (p.13)

Le dialogue qui se poursuit est tout aussi savoureux entre Dominique A un rien vexé de n'être pas reconnu à sa juste valeur et P. Katerine qui se moque gentiment de son copain. C'est d'ailleurs toute la BD qui est savoureuse. Des dialogues et des situations drôles -enfin pour nous lecteurs, peut-être moins pour Dominique A-, un chanteur obligé de réfléchir sur sa condition d'artiste et sur la manière dont il est parvenu à icelle ; parce qu'après tout, il aurait pu faire autre chose que chanteur monsieur Ané ! Le scénario (A. Le Gouëfflec) est plaisant, marrant et original et point n'est besoin de connaître la discographie du chanteur pour apprécier cette BD -même si je ne saurais trop vous conseiller de vous pencher dessus.

Pour les dessins (O. Balez), je suis un peu moins calé pour les critiquer, mais je peux dire qu'ils me paraissent très bons. En fait, je les aime bien parce qu'ils sont assez réalistes sans aller dans des détails très précis : on reconnaît sans peine les protagonistes. Leurs émotions sont très visibles et l'on ne peut s'empêcher de rire parfois des attitudes ou remarques des uns et des autres. Les couleurs sont plutôt dans des tons chauds (mise à part la vêture de Dominique A, éternellement noire).

Une BD qui sort de l'ordinaire mettant en scène des personnes vivantes, dont Dominique A, qui signe la préface de l'ouvrage s'inquiétant un peu de son sort : "... à l'heure d'aujourd'hui, même si je sais grosso modo de quoi l'histoire retourne, je n'ai eu que quelques planches sous les yeux. Et si je ne m'abuse, il est question d'avoir ma peau dans le titre... Dans quel(s) guépier(s) m'ont-ils fourré ? Comme si la vie n'était pas assez compliquée..." (p. 2)

J'ai adoré cette BD tant par le scénario que par les dessins, l'ambiance qu'ils créent. Un coup de coeur en cette nouvelle année !