Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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11 janvier 2013

Un banc sous un arbre au bord d'une allée ou d'un chemin. Un garçon, jeune, qui grave une initiale, un coeur et le début d'une autre initiale avant de se couper sérieusement, sous les yeux de sa petite copine. Ainsi commence l'histoire de cette BD et de ce banc. Ensuite, le banc est le témoin des vies de plusieurs passants qui s'arrêtent ou pas. Un couple de personnes âgées qui partage un gâteau, des jeunes femmes plus ou moins heureuses en amour, un musicien mendiant qui fait piètre recette, ...


Sans texte, cette BD ou ce roman graphique est absolument génial. On passe par toutes les émotions, tous les sentiments, la tristesse, la tendresse pour tel ou tel personnage, la colère, la pitié, le rire car avec quelques trouvailles, Chabouté réussit à mettre un peu d'humour dans son histoire. On ne peut s'empêcher de penser aux films muets qu'on a vus et revus, en noir et blanc eux aussi. Un bon Charlot par exemple qui lui aussi réussit à nous faire ressentir tout cela sans mots.
Mon billet est inhabituellement court -je sens des frustrations parmi mes lecteurs fidèles mais promis, je me reprends bientôt-, mais quoi écrire de plus que ne vous diront les dessins ? Que dire de plus sinon de lire -ou de regarder- ce magnifique album et les dessins de Chabouté toujours aussi expressifs ? Excellent. A voir et revoir et re-revoir encore et encore. Et même, vue la période, à offrir sans aucun risque de faute de goût, ni de déception.

Éditions d'Orbestier

Conseillé par
11 janvier 2013

Très beau livre avec un choix de photos assez impressionnant. Pour qui connaît la ville, il est évident qu'il passera un excellent moment à rechercher tel ou tel détail dans une image et dans les histoires que Stéphane Pajot raconte à côté. On y croise le très fameux pont transbordeur, la Loire et l'Erdre qui jadis coupaient Nantes en longueur et largeur : les photos du comblement del'Erdre et des bras de la Loire sont incroyables et l'on se figure aisément l'ampleur de la tâche.

Une petite page retient mon attention, consacrée à l'île Mabon : "La petite île au trésor [...] était la gardienne de l'entrée du port. Elle servit au XVIIe siècle d'annexe à l'hôpital du Sanitat, qui se trouvait quai de la Fosse, pour les malades pestiférés de la peste sévissant à Nantes en 1625." (p.42) Si je note cette page, c'est tout simplement parce que l'île porte mon nom de famille (on moi le nom de l'île). Il n'en reste rien aujourd'hui qu'un nom de square et un nom de rue dans laquelle lorsque nous y passions avec mon papa, il ne manquait jamais de dire qu'on y était chez nous ! Humour familial que je répète évidemment à l'envi à mes enfants. Transmission des gènes ! Il me semble qu'elle fut aussi lieu de guinguettes avant d'être rattachée à la ville.
Une très belle manière de visiter Nantes l'ancienne, d'y croiser les fantômes de nos vieux ancêtres, d'en croiser de plus jeunes : Jacques Demy, Ulysse, le plus célèbre clochard de Nantes incontournable pendant une vingtaine d'années à partir de 1980, les surréalistes, ...
Pour qui ne connaît Nantes que de nom, il faut lire ce bouquin et venir ensuite visiter notre belle ville (je suis un peu chauvin, je dois le reconnaître, mais il me semble que Stéphane Pajot l'est aussi, mais lui, il fait de son amour pour sa ville de magnifiques livres) et tenter de retrouver les quartiers et voir ce qui y a changé ou pas.
Superbe idée cadeau pour l'échéance qui arrive très bientôt.

roman

L'Éditeur

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11 janvier 2013

Comment dire ? Comment dire ? Que ce bouquin est un objet non identifié, non identifiable ? Que j'ai lu un truc magnifique ? Ou au contraire absolument illisible ? Le moins qu'on puisse dire c'est que si vous ouvrez ce livre, vous ne pourrez pas vous contenter d'un laconique : "ouais, bof !" Indifférence impossible. Pour ma part, histoire de déflorer le suspense tout de suite, je peux vous affirmer que j'ai été passionné par ce roman, avec néanmoins quelques réserves.


Difficile de dissocier le fond de la forme. Une partie des chapitres de JL Marret parle d'un conflit international, mondialisé. Dans ces paragraphes, l'auteur s'amuse avec la mise en pages : nombreux points de suspension pour des propos soi-disant censurés par tel ou tel groupuscule, polices de caractères et couleur de texte différentes parfois dans un même mot ! L'auteur tape sur nos sociétés, sur ceux qui nous dirigent. Ses premières phrases :
"L'humanité se lâchait et pas qu'un peu, cette fois-ci. Plus de guerres justes, plus d'invasions, plus de batailles décisives. Rien. Plus de petites guéguerres soi-disant mondiales. Rien ! Des jeux d'enfant, tout ça. Billevesées. Du travail d'amateur. Et pourquoi ? Pour pas grand chose, du boulot inachevé, ni fait ni à faire. Non, là, c'était la bonne, l'Apocalypse. Des millénaires à trépigner, à s'entraîner, à faire semblant et là, on y était. La guerre totale. La vraie. L'Apocalypse." (p.9)
Pas mal non ? Et puis un auteur qui place le mot billevesées mérite le respect (intime joke, billevesée étant un mot que j'aime beaucoup, mais ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien. C'est. Et c'est tout.) Par contre, les réserves dont je faisais état plus haut sont dans ces passages, parfois un peu longs et répétitifs. Je trouve qu'ils alourdissent le roman déjà pas très léger ni dans le thème ni dans son histoire ni dans le volume (445 pages).
Dans les autres paragraphes qui concernent le "petit" conflit Albanistan/Serbie et quelques personnages en particulier, Ali Karaté et le Commandant Zobsky notamment, le style est plus classique, apaisé. Mais bien sûr tout est relatif, parce que du classique ou de l'apaisé chez JL Marret, ça remue encore et toujours : "Ali esquissa un maori mataka -externe- avec la main droite et répéta... Le mot ! Bon sang, le mot ! Zoboromouk !!... L'homme aggrava son cas, avec talent d'ailleurs, par une initiative malheureuse... Je ne sais plus... J'arrive... Et il s'approcha pour toucher Ali, s'abriter auprès de lui, établir un meilleur contact, qu'ils se palpent, se reconnaissent, s'apprécient, s'émeuvent, peut-être même qu'ils s'embrassent ! Au lieu de quoi, Ali eut peur. Brusquement, prêt à tirer, il pointa sa Kalachnikov vers le type... Nom de Dieu ! Le mot !? Tu te rappelles plus alors ?!! Le mot !! Halte, 'culé !! Le mot!!... Et un peu raide et à froid, il lança un coup de pied circulaire dans le vide, histoire d'impressionner." (p.185/186)
L'auteur joue avec les mots, les triture, les déforme, en invente et fait preuve d'une belle innovation qui personnellement me ravit. Je prends, j'applaudis des deux mains (parce qu'à une seule c'est pas facile, essayez un peu !). Je me suis régalé à lire les mésaventures d'Ali et de Zobsky, j'ai ri souvent. Il y a un chapitre irrésistible dans lequel l'auteur parle du rapport des chanteuses disco avec les combattant albaniks. Il est fort dommage que je ne puisse le reproduire dans son intégralité ici, mais il est à tomber (à partir de la page 110).
Difficile de ne pas penser à Céline qui a été un des premiers à exploser l'écriture avec génie. Jean-Luc Marret ne peut nier son influence, l'ombre de Bardamu flotte au-dessus de l'Albanistan. Un premier roman inclassable qui laisse augurer d'autres livres du même auteur, alléchants (les livres à venir bien sûr, pas l'auteur).

Conseillé par
11 janvier 2013

Rien de mieux que cette quatrième de couverture pour donner le ton du bouquin. C'est extrêmement rare que je dise du bien de cette page, trop souvent explicite, mais là, elle emplit idéalement son rôle : celui de donner envie (ou pas) de dévoiler le ton et l'ambiance du livre. Car il est formidable ce roman.

Ce qui m'a surpris de prime abord, c'est le vouvoiement, le livre commence comme cela : "L'enfant a douze semaines, et son souffle vous berce au rythme calme et régulier d'un métronome. Vous êtes assises toutes les deux dans un rocking-chair au milieu d'une pièce entièrement vide." (p.9) Et puis je m'y suis fait. Mais à peine le temps d'avoir intégré ce narrateur qui voussoie que le voilà maintenant, narrateur omniscient qui parle à la troisième personne, alternant les "Viviane" et les "elle". Et puis, non content de m'avoir déstabilisé, il en rajoute une couche, en se faisant oublier au profit de Viviane qui parle avec un "je". J'ai même lu des phrases commençant par "nous". Mais diantre, qui ose ainsi déranger ma tranquillité de lecteur ? Julia Deck, vous avez dit ? Connaît pas...
Bon sang, mais c'est bien sûr, j'ai souvenance d'avoir déjà lu des billets sur son roman chez Clara, Isa, Cathulu et Ys.
Voilà, vous savez tout de mes réflexions à la lecture des premières pages de ce roman. Je me suis régalé, j'ai jubilé à cette lecture tout sauf reposante. D'abord pour le style certes, mais aussi pour l'histoire et ce personnage de femme totalement perdue. Julia Deck nous promène, j'ai échafaudé des hypothèses sur l'éventuelle folie de Viviane, sur la réalité de son bébé, sur les raisons de son geste envers son analyste, sur divers points tout au long du bouquin. Rien ne s'est avéré. L'auteure nous embrouille volontairement pour mieux nous retenir. Son personnage ne va pas bien, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle est dans une mauvaise passe, larguée la quarantaine juste passé pour une plus jeune, seule avec un bébé dans les bras pour lequel, elle craint de n'avoir pas de sentiment maternel : "Au milieu de la pièce désespérément vide, nous réfléchissons à ce que nous pourrions faire pour mériter tant d'amour. [...] Nous ne faisons rien, immobiles comme nous avons toujours été. L'enfant n'a jamais un pleur plus haut que l'autre, paraît incroyablement satisfaite de son sort, et ce formidable prodige nous effraie avant de nous réjouir, si bien que nous n'avons d'autre choix que suivre notre habitude, obéir aux lignes de la nécéssité. Nourrir, s'apprêter, sortir, rentrer, dormir : c'est le corps seul qui avance lorsque nous sommes redevenues muettes." (p.55)
Pour être tout à fait complet, j'ai ressenti un "p'tit coup d'mou" au début de la seconde partie, une vingtaine de pages moins captivantes, un peu fatigantes, avant de repartir sur une fin tout aussi enthousiasmante que le début. Dans ma grande bonté, j'ai déjà pardonné à Julia Deck ce passage (que je suis peut-être le seul à avoir ressenti), car son roman est vraiment frais et original. Il paraît difficile d'inventer des histoires, des manières de les raconter aujourd'hui, tellement il a été publié de livres en tous genres. Julia Deck relève le défi, joliment. Franchement, passer à côte de Viviane Élisabeth Fauville sans faire sa connaissance serait de la goujaterie, une faute de goût, un manque de savoir-vivre.

Fond Tiroir

9,00
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11 janvier 2013

Lonesome George est un petit livre paru au Fond du tiroir qui a vécu moult péripéties. Il aurait dû paraître, puis non. Son auteur, Fabrice Vigne, l'a donc offert à la lecture aux internautes visiteurs de son blog. Puis finalement, ce livre est publié dans cette toute petite maison d'édition qui mérite votre visite -et plus si affinités. Toutes les aventures de Georges et George sont à lire ici.


Ceci étant dit, me voici donc avec dans les mains ce livre mort-né puis ressuscité. "Mais pourquoi donc ne l'auriez-vous point édité cher Fabrice ?" me dis-je en le lisant. Cette jolie histoire sur la difficulté de communication entre un adulte et un enfant lent mérite d'être lue à tout âge. Je sais d'expérience pour avoir à la maison un enfant à la lenteur d'exécution exacerbée que parfois, lorsque les contraintes sont présentes, il est difficile de rester zen. Mais d'un autre côté, pourquoi aller vite ? Moi qui ai adopté un rythme personnel très en deçà des standards de la société, je peux vous dire que j'en profite peinement, quotidiennement.
Cette histoire de la relation entre deux êtres est aussi celle de notre principal moyen de communication : l'information. Il n'est point aisé de la laisser à côté de nos vies. Elle occupe nos conversations, les initie, les engraisse. Souvent triste, dramatique, guerrière, lorsque surgit une information jugée mineure par les adultes, comme celle de George la tortue, l'enfant s'en empare comme d'un fait essentiel qui se rapporte directement à sa vie.
Fabrice Vigne comme à son habitude soigne son texte, mi-sérieux-mi-drôle :
"Ils ne se regardent pas, mais sans le savoir ils regardent dans la même direction. Quatre yeux perdus dans le même coin corné d'une affiche punaisée sur le mur d'en face, une vieille affiche d'un vieux concert d'un vieux chanteur, une affiche datant du roi-du-disco. Tonton y était, à ce vieux concert, c'est un souvenir aux coins cornés.
Tonton commence à se balancer de gauche et de droite, mais il est difficile de savoir si c'est pour bercer Georges ou pour se bercer lui-même. Georges trouve que ça sent la cigarette, mais au moins, au creux de son tonton, il est au chaud" (p.18)
Livre de qualité tant par le contenu que le contenant au format et mise en page originaux. Beau texte, belles illustrations de JP Blanpain -le même JP Blanpain que pour Double tranchant-