Elia L.

Charlotte Bourlard

Inculte-Dernière Marge

13,90
Conseillé par (Libraire)
15 avril 2022

Un couple de personnes très âgées accueille dans sa demeure, qui n'est autre qu'un ancien funérarium où ils ont officié, une jeune photographe esseulée et désœuvrée.
Tantôt adagio, tantôt allegro, le flux de Charlotte Bourlard dépeint une existence à trois entre la naphtaline et la mort, la douce lumière qui pénètre en oblique à travers les voiles légers et la force crue des pulsions qui s'y jouent (tant dans la violence que dans la tendresse), le redoutable silence de l'Être qui se décompose et le fracas jouissif de la musique classique, à plein régime.
Enfin, cerises! La photographie et la taxidermie de haut vol, comme rituels pour sublimer la vie.
Grinçant premier roman, L'Apparence du vivant (Éditions Inculte) nous vient tout droit de Belgique, et si tout y semble noir (de l'ambiance à l'humour), on ne sait en réalité dans quelle sauce tremper notre frite: conte de l'horreur et du tabou certes, mais aussi envoûtante féerie au scalpel où l'on se drogue de sirop, échappée drolatique salutaire (avec notamment de chaotiques expéditions dépenaillées en fauteuil roulant dans Liège), récit d'adoption et d'amour filial hors du commun...
C'est tout à la fois doux et macabre, mélancolique et gothique!
À sa lecture, vous aurez beau, entre vos moelleux coussins, changer trois fois de position, vous serez toujours un peu mal assis.e.

18,00
Conseillé par (Libraire)
15 avril 2022

Êtes-vous prêt·es pour le renversement ?

Une gigantesque mégalopole hyperconnectée s’étend telle une pieuvre surdimensionnée sur toute la Caraïbe. Haut-lieu de la modernité, démocratie triomphante, la diversité en étendard : vivent ou vivotent en son sein tous les peuples de la planète. En réalité, Lanvil n’est plus une ville, c’est un Monde, immense, violent, chaotique, constitué des miettes dont la haute technologie et le capitalisme n’ont pas voulu.
Nous sommes à la veille de l’implosion et tel une caméra embarquée dans la tourmente, le lecteur plonge trois jours et trois nuits aux côtés des laissés-pour-compte d’anba : Pat et ses frères mawon, la prophétesse Man Pitak, les sœurs Sézè, tous désireux de retrouver la Terre de leurs ancêtres, le Tout-Monde, enterré sous la centaine de niveaux que compte cette redoutable tumeur.
Le maître-mot de Tè Mawon, c’est la dynamite : celle de l’Insurrection à l’œuvre entre l’anba et l’anwo, celle qui fragmente le récit en multitude de points de vue, mais surtout celle qui pulvérise la langue telle qu’on la connaît, la langue dont on maîtrise les contours et dessine les bornes. Ici, on parle le Kréyol, une langue hybride inventée qui puise allègrement dans le créole bien sûr, le parler marseillais, l’espagnol, la langue du progrès numérique; et qui, prenant à revers la langue française, en change tous les codes et y opère une jouissive, déroutante et imprévisible décolonisation !

Conseillé par (Libraire)
12 décembre 2021

Six remarquables personnages cabossés et pétris par l’absence (disparition passée, traumatique ou bien redoutée) vivent/sillonnent/vadrouillent dans une Islande crépusculaire aujourd’hui désertée, malmenée par des décennies de tourisme, au cœur d’un monde en crise.
En pèlerinage, de passage ou irrémédiablement vissé sur leur rocher, ils semblent comme « échoués » sur ces terres, à l’image de ces cétacés qui viennent mystérieusement et par centaines mourir sur les littoraux, un peu partout dans le monde.
Leurs chemins pavés de doutes et de peur se croiseront ont-ils pour le meilleur? Par la force des choses (naturelles et surnaturelles), se «reconnaitront-il semblables »?
Une ambiance toujours entre chien et loup, des êtres qui nous collent au corps et nous marquent: bancals, fragiles, empathiques, un brin désespérés, habités d’une sourde colère souterraine, pour certains évanescents, voire à la limite de l’évaporation, mais toujours en quête de beauté et de communauté. Ou comment faire Famille dans un monde en lambeaux.

C’est minéral, tellurique, onirique et terriblement magnétique!

Conseillé par (Libraire)
12 décembre 2021

Coup de cœur pour ce phénomène finlandais aux multiples prix littéraires !

Tous les ans, Elina se rend dans sa campagne natale de Laponie pour pêcher le seul et dernier brochet du marais, et il semble que ce soit une question de vie ou de mort!

Mais dans cette mare se trouve un ondin, créature des bois et des eaux, qui l’empêche de mener à bien sa mission. Pour réussir, il lui faudrait déjouer une malédiction, revisiter son passé à la rencontre de son premier amour et pactiser avec des créatures surnaturelles issues des folklores finnois et lapon.

Les habitants du village, dépeints de façon tout à fait cocasse, ont tout de la peinture rabelaisienne. On entend les bruits de succion du marais, les pets des villageois, on claudique aux côtés d’aventureux vieillards (parfois même un brin magiciens), mais aussi de celui de redoutables floches, teignons, affligés de rivières... Même les simples moustiques et les taons ont l’air, sous la plume de Karila, sortis des forges de l’enfer!

C’est un roman ovni bien délirant au carrefour des genres: fantastique foisonnant, fable écologique, pastiche de polar, western nordique.
Fantaisiste, drôle, et plein de péripéties!

Conseillé par (Libraire)
12 décembre 2021

🌳🍂❄️À chaque tome sa saison (à lire dans l’ordre qu’on veut) : Dans les épisodes précédents, les inséparables copains Taupe et Mulot se rendaient au cœur de la nature peindre l’explosion du printemps ; l’été amenait son lot de baignades à la rivière et de déjeuners sur l’herbe ; et en automne? vous demandez-vous. Un concours de tartes aux lombrics, pardi !

Ici, qu’on se le dise: l’hiver est bien là, et il plonge notre grand échalas et notre petit biglouche dans une bataille de boules de neige... sans neige, pour finir en une fête de pré-hibernation de tous les diables . Et leur devise vaut toujours: « Ne rien faire du tout et être heureux comme tout, c’est un art délicat ». Taupe et Mulot s’y entraînent donc sans la moindre faiblesse.

On déguste dans ce tome-ci tous les ingrédients qui garantissent la saveur de ce duo d’auteurs Meunier/Chaud : une nature luxuriante pleine de trésors pour qui sait regarder, un enchantement du quotidien sans cesse renouvelé, un vocabulaire châtié au charme un brin suranné, de la rigolade presqu’à chaque page, mais surtout une immense relation amicale, pétrie de bienveillance, de confiance et d’amour.

Un régal de Première Lecture !